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Comment faire pour arrêter la cigarette maintenant ?
Mon but à présent est de vous apprendre à faire taire la part de vous qui souhaite continuer à fumer et nourrir vraiment celle qui aspire à la liberté vis à vis de la cigarette. Je me propose, grâce à certaines techniques, de court-circuiter celle qui met à l’écart les informations susceptibles de créer un malaise par rapport à la consommation de tabac, ce produit mortel.
C’est cette part, que l’on pourrait appeler « le problème », qui vous raconte que quoi que vous entendiez sur les dangers pour la santé, en ce qui vous concerne vous passerez au travers.
Le problème qui vous fait rejeter et ignorer toutes les informations qui pourraient vous décider à vous libérer de cet esclavage.
Cette part de vous vous endort, vous hypnotise et vous rend passif jusqu’au moment où il est trop tard.
Dans cette série d’articles, vous utiliserez une technique simple pour la mettre en sommeil temporairement. Puis une fois dans le bon état d’esprit, c’est à dire dans un état de conscience plus efficace, vous renforcerez la part de vous qui souhaite retrouver la liberté.
L’idée est d’inverser le rapport de forces de vos contradictions internes, grâce à quelques procédés faciles à condition que vous vous prêtiez au jeu.
Changer d’état d’esprit pour arrêter de fumer
Comme nous l’avons vu dans cette série d’articles précédente sur les mécanismes de l’entrée dans la tabagisme, l’industrie du tabac a utilisé toutes les connaissances en psychologie disponibles et des moyens financiers énormes (le chiffre d’affaire annuel estimé des six plus grandes entreprises du secteur est de plus d’un milliard d’euros par jour1) afin d’introduire en vous ce que j’appelle « un virus psychique », qui vous maintient en esclavage.
Sa stratégie a consisté, et consiste toujours, à intégrer des mensonges dans votre système de croyances. Ces mensonges ont créé l’esclavage dans lequel vous vivez, et vous y maintiennent.
Aussi, pour en sortir, il est nécessaire d’adopter une attitude d’ouverture d’esprit et de bonne volonté afin d’arriver à entrevoir la vérité.
Ce que je vous propose consiste à vous décrire les mensonges dans lesquels vous vivez, à vous expliquer comment vous en débarrasser afin d’attaquer les pensées et le système de croyances qui vous maintiennent en esclavage.
« Souviens-toi, je ne peux t’offrir que la vérité. […] Je ne peux que te montrer la porte, c’est à toi qu’il appartient de la franchir. »
Morpheus, dans le film Matrix.
Nous sommes soumis à ce que l’on appelle un « biais cognitif2 », dit de « confirmation d’hypothèse ». Pour simplifier, nous essayons toujours de confirmer ce que nous croyons. C’est pourquoi, nous recherchons la plupart du temps des informations qui confirment nos croyances et nous évitons et mettons à l’écart celles qui pourraient nous prouver que nous avons tort.
Ce sont ces mécanismes qu’il vous faut apprendre à percevoir et à désactiver lorsque vous voulez changer. Pour cela, tout est dans l’intention d’écoute (ou de lecture) que l’on a. Est-ce que je reçois l’information pour confirmer ce que je sais déjà ou pour découvrir de nouvelles choses ? Suis-je prêt à découvrir que je me suis trompé·e ? Cela ne veut pas dire qu’il faut accepter tout ce que je vous dis sans broncher. Vous pouvez (et devez) remettre en question les informations que vous lisez. Mais cette remise en question doit découler d’un sens critique, dans une ouverture d’esprit et non d’entêtement.
Un exemple pour illustrer
Pour l’instant, c’est sans doute un peu abstrait pour vous, mais je vais vous donner un exemple.
Dans quelques instants, je vous communiquerai une information et j’aimerais que vous soyez vraiment attentif à la manière dont vous la recevez. Prêtez particulièrement attention aux émotions et aux pensées qui vous traversent, à la manière dont votre corps réagit, s’il va vers plus de détente ou de crispation.
Voici maintenant cette information :
« Si vous continuez de fumer, il y a une possibilité que cela vous cause une crise cardiaque mortelle avant la fin de l’année. »
Maintenant, analysez vos réactions.
Voici celles que l’on rencontre chez beaucoup de personnes qui fument :
- Au niveau des émotions : de l’énervement, de la colère, de l’ennui, du mépris.
- Au niveau des pensées, des phrases comme :
- Mais je le sais déjà ça !
- Oui et alors ? Ça peut aussi ne rien me faire du tout.
- Je peux mourir aussi d’un accident dans quinze minutes, même sans fumer.
- S’il veut me faire peur, ça ne va pas marcher avec moi.
- D’accord, il veut me faire culpabiliser.
- Au niveau du corps, un léger mouvement de renfermement, de défense (les bras croisés par exemple), une crispation généralisée ou localisée.
Tout ce qui se passe là, c’est « le virus » qui essaye de se défendre.
Il y a en vous une dualité, une contradiction entre votre pulsion de vie, celle qui fait que vous êtes en train de lire ces lignes, pour qui la vie est importante, et le virus psychique qui veut uniquement que vous continuiez à fumer.
Et ce virus cherche à faire taire la voix de la pulsion de vie, en criant plus fort.
Parce que si vous analysez calmement l’information que je vous ai donnée, elle est complètement vraie.
Je ne peux pas prédire à cent pour cent que vous allez mourir cette année. Mais je peux dire avec certitude que certaines des personnes qui lisent ces lignes mourront cette année si elles n’arrêtent pas maintenant de fumer. En effet, 90 0003 4 personnes meurent en France5 tous les ans à cause de la cigarette, et la très grande majorité d’entre elles pensaient qu’il leur restait beaucoup plus de temps avant qu’il ne soit trop tard. Cela représente en moyenne 246 personnes par jour. Quand on sait qu’environ 37 %6 de ces personnes mourront d’un AVC ou d’une crise cardiaque – des événements qui surviennent sans prévenir – on peut dire que les 89 personnes (36 % de 246) qui vont mourir aujourd’hui en France (6 900 dans le monde) de ces causes là n’ont pas conscience que leur vie va se terminer aujourd’hui. Elles vont se lever, prendre leur petit déjeuner, se laver les dents, peut-être se prendre un peu la tête avec une personne avec laquelle elles vivent et quitter leur domicile… Pour la dernière fois. Il n’y a pas d’avertissement, pas de notification sur le téléphone. Et parmi ces personnes, il y en a sans doute quelques-unes qui ont le même profil que vous (âge, histoire par rapport à la cigarette, …).
S’il est vrai que certaines personnes peuvent vivre relativement vieilles tout en fumant, même si leur qualité de vie en est diminuée, d’autres meurent très jeunes à cause de la cigarette. La personne la plus jeune que j’ai croisée et qui est décédée à cause de la cigarette avait vingt-trois ans. La plus jeune dont j’ai entendu parler dix-neuf ans.
Peu importe que ce soient des exceptions, des cas rares, la plupart des fumeurs n’ayant des soucis de santé en général que bien plus tard. Pour elles, le chemin s’est arrêté très rapidement un jour où elles ne s’y attendaient pas. Et c’est toujours ce qui arrive.
Il est possible que vous puissiez fumer encore pendant des années avant le point de non-retour. Mais êtes-vous prêt·e à parier tout ce que vous avez sur le fait que c’est votre cas ? Car bien entendu, vous n’avez aucun moyen de savoir à quelle catégorie vous appartenez.
Cette petite voix qui vous pousse à fumer
Pour reprendre ma démonstration, ce qui m’intéresse ici, c’est la petite voix qui a tenté (et peut-être réussi) de mettre à l’écart cette information qui, si vous en tenez compte, peut vous sauver la vie.
Le virus a créé comme une barrière qui repousse tout ce qui pourrait le menacer. Ce qu’on résume souvent par l’expression : « se mentir à soi-même ».
Un moyen de désactiver ce mode de fonctionnement, c’est de s’ouvrir volontairement aux informations.
Il existe différentes manières de « savoir » quelque chose, qui n’ont pas toutes les mêmes conséquences sur la manière dont on utilise l’information.
On peut le « savoir » parce qu’on a lu un titre dans un journal, parce qu’on a lu l’article en entier, parce qu’on a vu un documentaire complet sur la question, parce que cela concerne un collègue de travail ou une personne de notre famille, parce qu’on le vit actuellement…
Vous voyez, dans chacun de ces cas, on le « sait » mais le rapport avec ce savoir est de plus en plus intime à chaque fois. Comme si l’information était de plus en plus intégrée dans notre réalité psychique au point qu’on ne puisse plus l’ignorer.
Le virus agit pour que les informations restent en surface. Pour que vous refusiez la réalité et que vous vous en construisiez une dans laquelle vous avez le temps de prendre votre décision, il n’est pas encore trop tard, tout va bien et vous vous en soucierez plus tard.
Alors, voici une technique que je vous propose maintenant d’appliquer afin de désactiver ce mode de défense du virus.
Cependant, vous pouvez être tenté·e de remettre à plus tard cet exercice, de juste le lire, voire de le survoler, de vous satisfaire de la pensée : « C’est intéressant, je vois où il veut en venir. »
Mais tout cela ne vous aidera pas à sortir de votre problème.
Quelque part, c’est à nouveau le virus qui s’exprime.
Cet exercice prend 5 minutes. Il ne nécessite pas spécialement d’être dans un endroit calme, mais vous devez pouvoir vous concentrer sur une idée pendant ce temps-là. Si vous êtes en ce moment dans les transports en commun par exemple, vous pouvez l’effectuer.
S’il existe de vraies raisons pour lesquelles vous ne pouvez pas le faire maintenant, cessez de lire, marquez votre page et revenez-y plus tard lorsque vous serez dans de bonnes conditions.
C’est la première étape de reprise de contrôle de votre esprit : ne passez pas à côté ! Nous allons « hacker » votre cerveau, pour votre bien !
Alors allons-y.
➜ La suite avec l’exercice dans l’épisode 2 : Désactiver le Virus du tabagisme – Accepter la réalité
Cet article est un extrait du livre : Arrêter de fumer n’a jamais été aussi facile !
Sources
1 22/03/2012, article de la version en ligne du Guardian
2 Un biais cognitif est une forme de pensée qui met en œuvre de manière systématique des distorsions dans le traitement de l’information. C’est en quelque sorte un raisonnement simplifié et rapide adapté à la survie en milieu naturel, mais source d’erreurs dans les situations auxquelles il n’est pas adapté. Il permet d’économiser nos ressources mentales mais peut fausser notre jugement.
3 07/05/2013, Épidémiologie du tabagisme in La Revue du Praticien, Insee, Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, Institut national de prévention et d’éducation pour la santé, Catherine Hill., Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire (BEH) de l’Institut de veille sanitaire (InVS)
412/02/2015, Smoking and Mortality — Beyond Established Causes, Brian D. Carter, M.P.H., Christian C. Abnet, Ph.D., Diane Feskanich, Sc.D. et al. – N Engl J Med 2015; 372:631-640, DOI: 10.1056/NEJMsa1407211
5 Plus de 260 000 morts annuels au Canada, 21 000 en Belgique, 10 925 en Suisse, …
6 Center For Desease Control and Prevention – Tobacco-Related Mortality