Fumer la cigarette de temps en temps

Je veux continuer à fumer de temps en temps

Cet article “Je veux continuer à fumer de temps en temps” est la suite de Je fume depuis longtemps, c’est trop tard pour arrêter.


Je voudrais à nouveau fumer occasionnellement.

Une des aspirations secrètes de nombreux fumeurs serait de ne pouvoir fumer que les cigarettes « plaisir » (même si la notion de plaisir est toute relative). Pouvoir fumer une cigarette entre amis lors d’une soirée conviviale par exemple ou pour se détendre face à un coup dur de la vie (ce qui ne fonctionne pas, rappelons-le).

L’idée sous-jacente, c’est que s’ils devaient repasser par le même chemin, c’est à dire revenir en arrière avant leur première cigarette et recommencer à fumer, cette fois-ci ils maîtriseraient. Ils ne laisseraient pas la consommation s’emballer. Ils arriveraient à garder le contrôle. Il faut juste les aider à sortir de l’addiction pure et dure qui les fait fumer tous les jours, et par la suite ils sauront contrôler leurs pulsions à un niveau « raisonnable ».

C’est un beau mensonge que l’on se raconte à soi-même. Sans doute parce qu’il existe un sentiment de perte et un deuil à faire. Faire le deuil de ce plaisir que l’on a ressenti par moment.

Mais lorsqu’on a été « addict » à quelque chose, il est impossible (ou presque) de revenir à un usage occasionnel.

Prenez une addiction que vous n’avez pas : celle aux jeux d’argent, aux jeux vidéos ou encore une autre. Pour prendre l’exemple des jeux d’argents, vous pourriez (et vous le faites peut-être) acheter un billet à gratter ou remplir une grille de loterie une fois de temps en temps sans que cela n’ait aucune conséquence néfaste. C’est parce que vous n’avez jamais dépensé 800 € par mois en jeux d’argent. Si cela avait été le cas, il faudrait que vous fermiez complètement la porte à ce comportement parce que si vous souhaitiez juste la laisser entrouverte et n’en laisser passer qu’un peu, elle finirait par s’ouvrir de nouveau en grand.

La meilleure preuve en est qu’il est extrêmement rare de rencontrer une personne qui fume aujourd’hui occasionnellement alors qu’elle en a fumé tous les jours pendant des années. J’avais même l’habitude de dire que cela n’existait pas jusqu’à ce qu’un de mes clients me donne comme contre-exemple celui de sa mère. Mais c’est l’exception qui confirme la règle.

Avec la cigarette, c’est tout ou rien

Pour 99,9 % des anciens fumeurs, le jour ou ils se permettent de reprendre une bouffée est le jour où ils reprennent la cigarette.

Cela peut être très rapide ou plus insidieux, mais le schéma est très souvent le même.

Par exemple, après des mois d’arrêt, vous êtes à une soirée et des amis fument autour de vous. Vous vous dîtes qu’il pourrait être agréable d’en prendre une ou êtes juste curieux de voir ce que cela vous ferait. Alors vous choisissez d’en demander une. Et vous la fumez.

Vous trouvez bien entendu un tas de raisons rationnelles qui expliquent que vous prenez cette première bouffée et qui éludent les risques de rechute. D’ailleurs, vous ne décidez pas de reprendre la cigarette, mais de reprendre juste quelques bouffées…

La semaine suivante tout va bien, vous ne fumez pas à nouveau. Vous en arrivez alors à la conclusion que fumer en soirée ne vous fait pas fumer à nouveau régulièrement. Vous maîtrisez. Logique n’est-ce pas, vu que c’est ce que vous constatez. Vous décidez alors, peut-être inconsciemment, de vous permettre de fumer de temps en temps en soirée.

Fumer juste en soirée, ça va !

Et fumer de temps en temps en soirée, ce n’est pas grave dans votre esprit.

Au début, il s’agit d’une cigarette, puis peut-être de deux ou trois. Et comme vous n’allez pas tout le temps en demander à tout le monde, vous achetez un paquet… juste pour les soirées.

Dans la semaine, le paquet est là. Aujourd’hui vous avez eu une journée particulièrement stressante, les mauvaises nouvelles se sont enchaînées… et le paquet est là…

Allez, juste une, juste pour vous détendre maintenant…

C’est bon, rien de grave.

Il n’y aura pas de conséquence.

D’ailleurs, une cigarette une fois de temps en temps, cela n’a jamais tué personne.

Une cigarette par jour non plus (en fait si, mais vous ne le croyez pas).

En quelques semaines, vous êtes revenu·e à votre consommation initiale d’autant plus vite que votre apprentissage de fumeur a déjà été fait, vous savez exactement comment fumer et votre cerveau sait exactement comment réagir à ces substances1.

Arrêter de fumer la cigarette, un simple deuil faire

Alors faites votre deuil : soit vous arrêtez de fumer, soit vous continuez. Point barre.

A ce moment précis, il y a peut-être une part de vous qui se dit que vous comprenez bien le raisonnement, mais qu’il y a une chance qu’il ne s’applique pas à vous. Que vous êtes désormais plus fort que la cigarette et que vos échecs précédents font partie du passé. Cette fois-ci vous allez « maîtriser ».

C’est d’ailleurs le même raisonnement qui vous a amené·e à fumer : « je sais qu’on peut devenir « accro » et tomber malade, mais moi je vais m’en sortir mieux que les autres. »

Si vous souhaitez tenter votre chance, faites-le. J’imagine déjà comment cela se passera parce que moi-même je suis passé par là, ainsi que d’innombrables personnes que j’ai reçues en consultation.

Mais je sais aussi que certaines personnes ont besoin de faire leur propre expérience pour intégrer vraiment une information. De faire des erreurs pour apprendre.

Avez-vous vraiment besoin de faire l’erreur de retoucher à une cigarette et de reprendre pour comprendre que l’usage occasionnel n’est pas possible pour vous ?

Savoir et avoir conscience n’est pas la même chose

Ce n’est pas la même chose de savoir quelque chose :

  • parce qu’on a lu un titre dans un journal ;
  • parce qu’on a lu l’article en entier ;
  • parce qu’on a regardé une émission d’1h30 sur le sujet ;
  • parce que c’est arrivé à quelqu’un de notre famille ;
  • parce que cela nous est arrivé.

A chaque fois, on peut dire : « Je sais. »

Mais on ne le sait pas de la même façon. Le rapport que l’on a avec l’information peut être plus ou moins intime.

Si vous avez déjà fait l’erreur de croire qu’après avoir arrêté de fumer, vous pouviez vous permettre de fumer une cigarette de temps en temps, tirez les leçons de cette expérience. C’est une ressource précieuse qui vous aidera dans votre objectif actuel.

Si vous ne l’avez pas encore fait, posez-vous cette question : « Ai-je besoin de commettre cette erreur pour comprendre? Ou puis-je comprendre tout de suite ? »

Il n’y a pas vraiment de bonne ou de mauvaise réponse, chacun réagit différemment. Vous avez peut-être besoin de faire votre expérience car peut-être que vous, vous y arriverez. C’est peu probable mais si vous êtes prêt·e à prendre le risque d’anéantir tous vos efforts pour le plaisir d’une bouffée, allez-y.

Profitez de cette expérience pour en apprendre plus sur vous : qu’elle se déroule conformément à vos attentes ou plutôt, comme pour la plupart des personnes qui ont fumé régulièrement, par la reprise de votre rythme de croisière… parfois même avec un bonus.

Si vous tentez le coup et que cela ne se passe pas bien, vous pourrez toujours arrêter à nouveau, en sachant désormais que pour vous aussi, il est impossible de revenir à un usage occasionnel de la cigarette et que c’est tout ou rien.

Ne considérez pas cela comme un échec, mais comme une expérience riche de leçons qui vous en a appris plus sur vous-même, votre relation à la cigarette et sur les pièges qui se présentent lorsqu’on arrête de fumer. La prochaine fois, vous serez beaucoup mieux armé·e pour y faire face.


Notes

1 Voir Cela me détend !


Cet article est un extrait du livre : Arrêter de fumer n’a jamais été aussi facile !

➜ Pour la suite :

Ce n’est peut-être pas le bon moment pour arrêter de fumer

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