➜ Cet article “Ce n’est pas trop pressé d’arrêter de fumer, je suis un petit fumeur et côté santé tout va bien” est la suite de On met toutes les maladies sur le dos de la cigarette alors que la pollution est principalement responsable.
Les petits fumeurs prennent moins de risque que les gros
Ah ! Le mythe du petit fumeur !
Quand on y pense, c’est logique. Si quelqu’un qui fume vingt cigarettes par jour perd en moyenne quinze ans d’espérance de vie, il est logique de penser que les dommages sont moindres en fumant moins.
Le même type d’argument est utilisé si on fume des cigarettes « slim » ou des « light ». Chacun espère que sa consommation est moins grave que celle des autres (même si cet argument est immédiatement contré par sa part rationnelle).
La plupart des personnes qui fument n’ont pas réellement réfléchi à la question. Elles ne se sont pas renseignées et, loin de penser que cinq cigarettes par jour peuvent leur coûter quinze ans de vie, elles s’imaginent qu’en-dessous d’un certain seuil il n’y a pas ou très peu de dommages.
Cette fausse idée est largement répandue par l’industrie du tabac qui a tout fait depuis des décennies pour minimiser les risques liés à la consommation de cigarettes. L’idée est de rassurer le fumeur à chaque étape de son parcours, de la première cigarette, au fumeur occasionnel, au petit fumeur, au fumeur régulier, … jusqu’à l’inévitable conclusion.
Encore une fois, ce n’est pas vraiment une théorisation réfléchie de l’influence de la cigarette de la part du fumeur, mais un peu de pensée « magique » pour se rassurer. Souvent, le seuil au dessus duquel on ne peut plus se considérer comme « petit fumeur » dépend de la consommation personnelle de chaque fumeur. Certaines personnes qui fument dix cigarettes par jour se considèrent encore comme des « petits fumeurs » parce que d’autres fument beaucoup plus. En réalité, votre notion de « petit fumeur » est relative à votre entourage et à vous-même. Elle n’est pas objective.
Malheureusement, « petit fumeur » en quantité ne signifie pas « petits risques ».
Il n’existe pas de seuil en dessous duquel la consommation de cigarettes est inoffensive.
Une cigarette par jour augmente de 64 % les risques de mort prématurée toutes causes confondues. Il y a tout de suite un risque accru d’infarctus, d’attaque cérébrale, de cancer … La probabilité de développer un cancer du poumon avec une seule cigarette quotidienne est par exemple multipliée par neuf et les maladies respiratoires par six !1
Une méta-étude de janvier 2018 publiée dans la revue médicale BMJ2 compilant 55 études précédentes faites sur plusieurs millions de personnes montre que ne fumer qu’environ une cigarette par jour engendre un risque de développer une maladie coronarienne et de faire un Accident Vasculaire Cérébral bien plus grand qu’attendu. Ce risque est à peu près de la moitié de celui couru par les personnes qui en fument vingt par jour. C’est encore plus flagrant chez les femmes qui font bondir de 57% le risque de maladie cardiovasculaire avec une seule cigarette par jour, tandis que les hommes l’augmentent de 48%.
À partir d’une cigarette par jour seulement !
Les auteurs en concluent que l’objectif des fumeurs devrait absolument être d’arrêter et non de réduire.
D’après une étude norvégienne de 20053 portant sur plus de 42 000 personnes suivies pendant 32 ans, celles fumant moins de quatre cigarettes par jour ont par exemple trois fois plus de risques qu’un non-fumeur de mourir d’une maladie cardiovasculaire. Ce chiffre augmente peu par rapport à la consommation quotidienne de cigarettes puisqu’une personne qui fume vingt cigarettes par jour n’a que quatre fois plus de chances qu’un non-fumeur de mourir de la même cause.
Autrement dit : pour une consommation supérieure de 400 %, le risque n’augmente que de 33 %. Le risque n’est donc pas proportionnel à la consommation.
Une autre manière de le dire est que la majorité des risques apparaissent dès la première cigarette. Un peu comme si le corps réagissait à toutes ces substances comme s’il y était allergique. Et pour quelqu’un qui est allergique aux fraises, qu’il en mange une ou un kilo, le résultat est pratiquement le même. Pour la cigarette, c’est pareil.
Alors c’est vrai que plus on fume plus les risques augmentent, mais encore une fois pas d’une manière proportionnelle.
Imaginons trois personnes :
- l’une d’entre elles entretient son logement normalement ;
- la deuxième déverse un sac-poubelle plein de déchets tous les jours dans une des pièces de son logement ;
- la troisième répand vingt sacs-poubelles chez elle tous les jours.
Le seul endroit qui garantisse une vie convenable et saine est le logement de la première personne. Les deux autres sont insalubres. L’un plus que l’autre c’est vrai, mais à ce niveau là c’est un détail.
Demandez-vous maintenant ce que cela implique dans votre perception de la cigarette sans la distinction entre « gros » , « moyen » et « petit » fumeur.
Réalisez que les risques sont en réalité comparables pour les trois. C’est tout de suite plus inquiétant.
C’est un peu comme si vous étiez tous dans le même bateau se dirigeant tout droit vers une cascade, mais que vous vous rassuriez en vous disant que vous êtes assis·e au fond du bateau.
Il n’y a pas de « petits » fumeurs, mais bien uniquement des fumeurs.
Et ceci, même si vous sortez d’un examen médical à l’issue duquel le médecin vous a dit : « Tout va bien. »
Votre dernière radio des poumons n’a rien révélé ? Tant mieux, car sachez que si on y voit une tumeur, il y a 85 % de risques que vous soyez mort dans les cinq ans4. Autant arrêter de fumer avant d’avoir une mauvaise nouvelle, ne pensez-vous pas ?
« Pour l’instant, tout va bien, je touche du bois. »
Si vous continuez avec cet état d’esprit bientôt le bois que vous toucherez sentira le sapin…
Vous n’avez pas encore fait de crise cardiaque mais cela ne signifie pas qu’elle n’est pas imminente.
Car tout le monde est en bonne santé avant de tomber malade. Ne vous laissez pas avoir par ce faux raisonnement.
Comme le dit Robert Kyosaki5 :
« Votre futur est créé par ce que vous faites aujourd’hui, pas parce que vous ferez demain. »
Robert Kyosaki
Sources et Notes
1 01/2017 – Association of Long-term, Low-Intensity Smoking With All-Cause and Cause-Specific Mortality in the National Institutes of Health–AARP Diet and Health Study, Maki Inoue-Choi, PhD, MS; Linda M. Liao et al JAMA Intern Med. 2017;177(1):87-95. doi:10.1001/jamainternmed.2016.7511
2 01/2018 , Low cigarette consumption and risk of coronary heart disease and stroke: meta-analysis of 141 cohort studies in 55 study reports, Allan Hackshaw, professor of epidemiology and medical statistics/deputy director, Joan K Morris, professor of medical statistics, Sadie Boniface, trial manager, Jin-Ling Tang, head of division of epidemiology, Dušan Milenkovic, research associate, BMJ 2018;360:j5855
3 20/07/2005, Health consequences of smoking 1–4 cigarettes per day, K Bjartveit, A Tverdal, Tobacco Control 2005;14:315-320.
4 Société canadienne de recherche sur le cancer
5 Entrepreneur américain spécialisé dans le développement personnel.
Cet article est un extrait du livre : Arrêter de fumer n’a jamais été aussi facile !
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