➜ Cet article “Fumer détend…” est la suite de Je ne veux pas arrêter de fumer !
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La détente procurée par la cigarette, une fausse impression !
La plupart des fumeurs pensent et ressentent que la cigarette les relaxe, que fumer détend. Sinon pourquoi fumeraient-ils plus dans les moments de stress ?
Et pourtant cette affirmation est complètement fausse.
Toutes les études le prouvent : les anciens fumeurs sont beaucoup plus détendus que lorsqu’ils fumaient. En cas d’arrêt de la cigarette, le niveau de dépression diminue dès trois semaines et en trois mois, il chute considérablement1.
Le risque de troubles anxieux est augmenté chez les fumeurs2 : le risque d’anxiété généralisée est multiplié par 5,5 (augmenté de 450%) et le risque de troubles de panique par quinze (augmenté de 1 400% !).
Mais ensuite, seulement quatre semaines après l’arrêt du tabac, le score d’anxiété des ex-fumeurs diminue d’environ vingt pour cent3.
De plus, le risque de suicide est plus élevé chez les fumeurs. Il existe deux fois plus de tentatives de suicide chez les fumeuses de moins de 25 cigarettes par jour et quatre fois plus pour les fumeuses de plus de 25 cigarettes par jour4 (l’étude en question ne porte que sur les femmes, mais on peut imaginer que ces résultats sont généralisables aux hommes).
L’arrêt du tabac est donc associé à une diminution des symptômes de dépression, d’anxiété et de stress et à une amélioration de l’humeur et de la qualité de vie comparativement à ceux qui continuent de fumer5.
Pour quelque chose qui est censé détendre, on fait mieux!
Fumer vous stresse !
Intégrez cette information : fumer vous stresse !
Alors, comment expliquer cette impression que fumer détend, évoquée par ceux et celles qui fument ?
Pour cela, il faut revenir un peu en arrière, avant votre première cigarette.
A ce moment-là, votre cerveau fonctionnait encore normalement.
Il produisait des quantités suffisantes d’endorphines (circuit du plaisir) et de dopamines (circuit de la récompense), deux neurotransmetteurs produits naturellement par votre cerveau qui, schématiquement, ont pour effet de procurer une sensation de bien-être et de détente.
Or, la cigarette contient des substances qui agissent sur les mêmes récepteurs que ces neurotransmetteurs dans le cerveau.
En d’autres termes, le cerveau les confond.
La boulette du cerveau qui croit que fumer détend …
Ainsi, lorsque vous avez fumé votre première cigarette, cela a été interprété par votre cerveau comme une surcharge d’endorphines et de dopamines.
A ce moment-là, vous avez peut-être eu la tête qui a tourné, ce qui peut encore arriver lorsque vous n’avez pas fumé pendant longtemps. Vous avez ressenti une sensation de brûlure dans la gorge, vous avez peut-être toussé, l’odeur et le goût étaient désagréables, mais vous avez également probablement senti cet effet vaguement agréable assimilé à la détente.
Puis, le corps a filtré le sang, s’est nettoyé de cette pollution et les niveaux sont revenus à la normale.
Tant que votre consommation de cigarettes est épisodique, le cerveau ne peut pas la prévoir et ne modifie pas son mode de fonctionnement.
On est alors un « fumeur occasionnel ».
Mais vous vous êtes forcé·e à fumer régulièrement ! Car ce n’est pas pour le plaisir que cela procure qu’on le fait au départ, mais souvent pour des raisons qui, aujourd’hui, vous paraissent sûrement stupides et immatures (faire comme les autres ou avoir l’air rebelle par exemple).
Bref, c’est devenu régulier, donc prévisible par votre cerveau.
Mais ces surcharges d’endorphines et de dopamines ne sont pas sans risque pour le cerveau : elles peuvent notamment créer des accidents vasculaires cérébraux. Rien que ça !
Votre cerveau vous protège de la cigarette
Votre corps a donc cherché un moyen de vous protéger de ce risque de surcharge.
Et comme il est bien fait, il en a trouvé un.
Le seul à sa disposition est de diminuer suffisamment votre production naturelle d’endorphines et de dopamines pour qu’il n’y ait pas de surcharge au moment de fumer.
Dès lors, schématiquement vous rentrez dans une zone de déficit naturel de ces hormones, une zone de stress dont vous ne ressortez brièvement que lorsque vous avez un afflux des substances contenues dans la fumée de la cigarette, dont la nicotine.
L’état de détente que vous attribuez à la cigarette est donc en réalité l’état naturel des personnes qui ne fument pas.
L’état dans lequel vous étiez en permanence avant de fumer. Mais vous dépendez désormais de la cigarette pour l’obtenir.
C’est un peu comme si la cigarette vous avait dérobé toute votre détente et qu’elle vous en jetait quelques miettes de temps en temps. Or, pour obtenir ces miettes, il faut payer en argent … et en durée de vie.
C’est vraiment dommage, non ?
Une des actions inattendues de la cigarette, mise en évidence par une étude très récente de juillet 20176, est que si le manque de nicotine stresse bien entendu la personne qui fume, en plus des autres facteurs déjà évoqués ci-dessus, il la rend également plus sensible à tous les stress de la vie qui vont donc avoir un effet plus important sur elle. Les récepteurs nicotiniques, lorsqu’on les stimule, augmentent en effet les réactions au stress.
Fumer détend ? Ben voyons…
Alors, si vous souhaitez retrouver un état de détente permanent, éliminez la cigarette de votre vie !
Cet article est un extrait du livre : Arrêter de fumer n’a jamais été aussi facile !
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Sources
1 « Dépression, Anxiété et Tabac », David Tordeurs, Docteur en Psychologie – Psychothérapeute – Cliniques universitaires UCL Mont-Godinn.
2 2000, Association between cigarette smoking an anxiety disorders during adolescence and early adulthood, Johnson JG, Cohen P, Pine DS, Klein DF, Kasen S, Brook JS, JAMA284: 2348-51.
3 1997, What happens to anxiety levels on giving up smoking ? R. Hajek , Am. J. Psychiatry, 154: 1589-92).
4 Tanskanen, 2001; Hemenway, 1993.
5 13/02/2014 – Change in mental health after smoking cessation: systematic review and meta-analysis, BMJ 2014;348:g1151 – Gemma Taylor, doctoral researcher, Ann McNeill, professor of tobacco addiction, Alan Girling, reader in medical statistics, Amanda Farley, lecturer in epidemiology, Nicola Lindson-Hawley, research fellow, Paul Aveyard, professor of behavioural medicine
6 25/07/2017, Nicotinic receptors mediate stress-nicotine detrimental interplay via dopamine cells’ activity, Molecular Psychiatry, C. Morel et al.